En proposant (au moins implicitement) d’introduire « l’atteinte aux élus » dans le droit pénal, la classe politique, par la main de la ministre des Collectivités Dominique Faure, se tire dans le pied, en soulevant la question qui l’avantage le moins actuellement : celle de la légitimité.

La
fuite en avant a souvent pour conséquence d’aggraver le danger auquel on cherche à se soustraire, en donnant des marques de faiblesse. Ainsi, à la faveur de la transformation des citoyens de sexe féminin en une énième
communauté imaginaire (via l’énigmatique «
féminicide »), les
goujats portant la main sur une femme peuvent désormais se réclamer de l’héroïsme de tout
résistant bravant une
mesure discriminatoire.
Les détenteurs de mandats électifs, de même, jouissent par définition de la protection de l’intégrité physique que la République garantit à tout citoyen. Penser endiguer la
multiplication des violences par
une surenchère répressive, c’est juste donner un coup d’accélérateur
à la Sécession.
Cherchant à sanctionner « l’atteinte aux élus » de façon différenciée – en s’appuyant sur une analogie explicite avec les voies de fait sur représentants de l’autorité publique – la
classe politique aux abois de la Macronie étendue cherche donc un bâton pour se faire battre.
Élus sans électeurs : le droit contre la réalité
En effet, le statut spécial des représentants de l’autorité publique (des fonctionnaires assermentés, en général) implique aussi des
devoirs spéciaux, auxquels « nos » élus – passés, au contraire, experts dans
l’art de s’autoamnistier – ne sont généralement pas soumis.
À défaut de pouvoir se réclamer de cette
constitutionnalité qui fournissait l’un des piliers historiques de leur légitimité, nos élus se retrouvent donc – dans leurs exigences de
traitement de faveur – acculés à l’autre pilier, qui est la sainteté de la
vox populi. Or il se trouve que (à l’exception des élus municipaux) la désaffection électorale des Français (hors
boomers) les a, ces derniers temps, privés d’une grande partie
de cette légitimité. La
démocratie représentative, ça marche à condition de pouvoir entretenir l’illusion qu’on représente quelqu’un.
Ce qu’ils réclament donc en ce moment en usurpant le langage du droit (censé être universel), c’est en réalité
un privilège – propre, donc, non pas à une fonction, mais à une caste. La Macronie, c’est une
resucée parodique d’Ancien Régime qui, cherchant à faire valoir un
pseudo-droit divin, emballe son effronterie dans un verbiage républicain
déjà anachronique.