Servir Davos mieux que l’OTAN… I Par Modeste Schwartz

A la faveur d’une accélération de l’histoire sous l’effet du Kövid, j’ai pu être pris pour un prophète par les naïfs, parce que j’ai eu – non la sagacité, mieux partagée qu’ils ne le croient, mais simplement le courage d’annoncer un an à l’avance ce qui allait se produire. Ce qui demandait, pour tout talent divinatoire, le don de lire les livrets d’opéra.


Je vais maintenant procéder à un constat dont la valeur prédictive est plus classique, c’est-à-dire moins immédiate. En tant que prédiction, il a moins de chances de se réaliser, étant donné la profondeur temporelle offrira aux artisans du projet que je dévoile encore plus d’occasions de trébucher que n’en ont en ce moment les bricoleurs du Great Reset pseudo-mondial. Et si « la prophétie » se réalise, de toute façon, je serai probablement mort d’ici là (et plutôt tôt que tard si j’ai raison), et la foule des naïfs célébrera, comme elle l’a toujours fait, des petits malins qui auront réussi à lui « prédire » la météo de la semaine prochaine.

Il existe une oligarchie, aux racines occidentales (mais aux tentacules, effectivement, mondiales), dont l’élimination est la condition sine qua non de la réouverture de l’horizon historique. Les Anciens savaient déjà mieux que nous que l’ostracisme est la seule mesure susceptible de sauver la démocratie (au sens antique) de la tyrannie. L’ostracisme était une solution assez pacifique, adaptée à un monde où tout navire qui s’éloigne du port de la cité vous emportait de facto vers un autre monde. De telles distances, hélas, n’existent plus, et le seul oligarque dont la communauté des hommes libres n’ait rien à craindre est désormais celui qui pendouille au bout d’une corde.

Depuis quelques siècles, cette oligarchie (on peut, sur ce point, donner raison aux écolières spécialisées en « dénonciation de la thalassocratie ») comptait sur les canonnières de marine du monde anglo-saxon pour « policer le monde », c’est-à-dire empêcher l’apparition de concurrents. Ces canonnières sont aujourd’hui chargées de plus de dettes que de boulets, et desservies par des mercenaires métis, pendant que les Anglo-Saxons eux-mêmes, obèses et camés, méditent devant Netflix à l’opportunité d’une opération de réassignation sexuelle.

D’où le projet d’une Pax Russica, qui n’est autre que le couronnement tardif du projet de Pierre le Grand, lequel – n’en déplaise aux charlatans de « l’eurasisme » – n’a jamais rêvé de troisième Rome, mais uniquement de seconde Londres (et a d’ailleurs donné son nom au port appelé à jouer ce rôle). Les missiles supersoniques russes, adulés par nos souverainistes de carton-pâte au point de donner l’impression qu’ils les ont dans le slip, sont le bâton que la Clique de Moscou propose à Davos pour pouvoir, après les funérailles de la puissance américaine, punir tout bougnoule qui aurait l’outrecuidance de ne pas vouloir des élixirs de MM. Bourla, Bancel et Gintsburg dans les veines de sa progéniture. Ou de remettre en cause certains récits historiques – ce qui revient sensiblement au même.

Avant de sombrer démographiquement dans les abîmes d’un féminisme encore bien plus implacable que le slut walk d’opérette qui agace Éric-Moïse dans son Neuilly, la masse abrutie des moujiks peut encore, sous la direction d’une élite post-soviétique à tous les sens du mot, rendre ce dernier service aux hommes à petites lunettes de la Communauté Internationale, pour lesquels elle a déjà crevé avec un si bel enthousiasme en 1941-45. 

Pour quiconque est capable de freiner un instant les efforts auxquels nous consentons en permanence pour NE PAS COMPRENDRE, du discours de Munich à ceux d’Orbán à Tusnád, le projet « illibéral » n’a jamais rien proposé d’autre que cela : faire mieux que l’Ouest – mais bien entendu dans la même discipline olympique, qui est la servilité oligarchique : SERVIR DAVOS MIEUX QUE L’OTAN.

Modeste Schwartz
11 janvier 2022.


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