Zemmour le Grec I Par Modeste Schwartz

Disclaimer : je n’ai jamais vécu en Grèce. Je n’ai même jamais mis les pieds dans ce pays qui m’a toujours semblé dramatiquement survendu depuis un peu plus de 2000 ans. J’ai, en revanche, longtemps vécu aux marges des Balkans, et un peu à l’intérieur, ainsi que dans des sociétés qui, quoique géographiquement éloignées, sont connues pour ressembler à celles des Balkans.



A charge, donc, des experts de me corriger, mais voilà comment je vois les choses :

La France et la Grèce actuelle se ressemblent plus qu’on ne le pense habituellement.
Pour percevoir cette identité profonde, il faut, bien entendu, faire abstraction de différences apparemment insurmontables, et remontant pour la plupart à un passé ancien : c’est l’histoire de toutes les convergences.

Dans l’optique du long temps, la Grèce ressemble plus à son voisin bulgare, et plus encore à son ancien rival l’Arménie : héritiers faméliques de puissances anciennes, reléguées en dernière division de la géopolitique il y a de nombreux siècles, mais conservant une identité forte. En dépit des délires de M. Zemmour, la France, elle, n’était pas grand-chose encore au moment où ces grandes puissances du monde ancien s’effondraient. Mais elle a dominé ce que j’appelle le « 3e Occident » (celui des absolutismes monarchiques).

Cela explique, entre autres, que le passé/passif dont la classe comprador grecque veut se libérer soit de nature cléricale (l’orthodoxie byzantine ayant été la dernière expression de la grandeur grecque avant la décadence finale de cette dernière), tandis que les sabordeurs équivalents du monde français veulent, « bien au contraire », en finir avec l’héritage du C.N.R., c’est-à-dire, en fin de compte, celui de la Révolution et de l’Empire (anticléricaux) : dans les deux cas, l’être collectif s’accroche au dernier épisode crédible de sa grandeur historique.

Mais le processus est bien le même : après dépeçage de l’Etat et du maigre secteur privé, les lecteurs de Klaus Schwab au pouvoir à Athènes lorgnent sur les biens de l’Eglise, tandis que leur homologues parisiens – un peu en retard sur eux – ne supportent plus l’existence de la SNCF et des aéroports publics. C’est la logique des gros bouts.

Or, à l’encontre d’une perspective conspi-bas-du-front, les dépeceurs gouvernementaux des deux pays ne sont pas de purs commandos parachutés depuis Davos. En dépit de la nature assez artificielle du phénomène (voire de l’homme) Macron, il existe bel et bien – même si cela ne représente sûrement pas une majorité absolue – un groupe social qui le soutient. Et si, par certains aspects (après déduction des imbéciles) ce groupe peut sembler être en réalité moins vaste que sur le papier, par d’autres aspects (agenouillement covidiste d’une partie de la « droite nationale »), il se pourrait aussi qu’il soit sous-estimé. Ces gens-là veulent réellement la mort de la France, et – en vertu de leur situation de classe parasitaire – beaucoup d’entre eux ont, à titre individuel, des raisons finalement rationnelles de la vouloir. Certes, ils parlent bien moins anglais que leurs homologues grecs, habitués – en dépit de leur égo culturel surdimensionné – au sort des petites nations. Mais leur intégration culturelle au Globalistan n’est pas moindre.

Et c’est bien là qu’est le prodige : en dépit d’Alexandre le Grand et de Napoléon, la machine du reconditionnement mental oligarchique a réussi à susciter dans ces deux pays une « élite » comparable aux Lénine, Staline, Gorbatchev, Poutine, Orbán, Johannis etc. de l’Europe de l’Est – qui, quant à elle, puise dans les traumas d’une histoire largement para-coloniale (en tant qu’Afrique blanche de la Germanie, depuis les Teutoniques et les Franciscains jusqu’au Grossraum Ost) de bonnes raisons de se comporter comme un Congo hyperboréen, dont les voïvodes blanchis à la Javel considèrent leur population comme un cheptel infrahumain qu’il faut (hélas d’une main de fer) gérer pour le compte de Bwana.

Or – hic jacet lepus – c’est la DROITE grecque qui a décidé d’amputer la retraite (déjà mirifique) des retraités grecs non-désireux de servir de rats de laboratoire à Big Pharma. Or Poutine et Orbán sont (en dépit d’origines plus rouges) des personnalités dites de droite, adulées par tant de naïfs en Occident pour leur marketing vide sur le thème de la grandeur nationale. Voilà les leaders qui ont réussi, à Moscou comme à Budapest, une domestication oligarchique de leurs cheptels telle que les gauches libérales de ces pays n’auraient jamais osé la rêver.

En Allemagne, bien entendu, nul besoin de tels artifices : en proie à un complexe anal déjà ancien, mais renforcé par le viol collectif de 1933-45, les Teutons votent d’eux-mêmes pour un nouveau socialisme patriote (aujourd’hui colorié SPD et Vert), qui promet sans détours de les mener à l’abattoir avec la même vigueur que Tonton, mais sous les drapeaux arc-en-ciel du « vert et inclusif » schwabien. Vous voyez bien qu’ils aiment ça. Et si votre vie jusqu’ici avait consisté à devoir choisir entre l’homosexualité et (pire) vivre avec une allemande, vous les comprendriez même.

Cette mise en perspective permet – je l’espère – de recadrer le phénomène Zemmour.

Faux candidat chargé de faire réélire Macron ? Pourquoi pas, oui. C’est, en tout état de cause, un dénouement qui ne serait pas fait pour décevoir ses bâilleurs de fonds. Après tout, la France a peut-être elle aussi atteint le degré de maturité métrosexuelle (en bon français : de putréfaction) qui rend possible une gestion SINCÉRE de l’extinction programmée.

Mais pas forcément non plus. Après tout, c’est aussi le pays des Gilets Jaunes : des imbéciles, certes, mais des imbéciles testostéronés. En effet, même si les GJ ont plus d'intelligence humaine que la plupart des universitaires, s'étant rebellés avant "le Covid", - alors que ceux-ci, pour la plupart, dorment encore aujourd'hui du sommeil du rentier - cela n'empêche pas qu'ils n'ont rien su faire de leur rébellion, sans aucune surprise, puisqu'il ne s'agissait pas d'une révolution (qui implique la présence d'une élite révolutionnaire - de préférence pas sélectionnée seulement en fonction du nombre d'yeux perdus…), mais d'une jacquerie…

Or, la France étant arrivée à 120% d’endettement suite à la lutte héroïque contre la grippe et l’argent liquide exigée par Davos, le « scénario grec » DEVRA être appliqué. Et s’il ne peut pas l’être par une bonne vieille gauche libérale Daft Punk constructrice d’éoliennes – dans ce cas… Vous suivez ma pensée ?

Modeste Schwartz
7 décembre 2021.


Les propos contenus dans ce article n'engagent que leur auteur et en aucune manière la rédaction du site des éditions Culture & Racines.

Articles en relation