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Dans son ouvrage « Les anciens guerriers germaniques, de la colonne Trajane aux sagas islandaises », publié aux éditions Certamen, l’historien et spécialiste des civilisations antiques Michael Speidel nous offre une plongée érudite dans l’histoire des peuples germaniques, depuis l’Empire romain jusqu’à l’époque des sagas médiévales. Ce livre constitue une référence majeure pour les amateurs d’histoire militaire et pour ceux qui s’intéressent à l’évolution des cultures guerrières en Europe.
L’un des grands mérites de cet ouvrage est de traverser plus de mille ans d’histoire. Speidel débute son étude avec la colonne Trajane, monument emblématique à Rome, qui raconte à travers ses bas-reliefs les guerres menées par l’empereur contre les Daces, mais qui évoque aussi le rôle crucial des auxiliaires germaniques au sein de l’armée romaine. Les guerriers germaniques, souvent perçus par les Romains comme des barbares redoutables, y apparaissent en tant que alliés et ennemis redoutés, marquant une ambiguïté fascinante dans leurs relations avec l’Empire.
Une analyse des techniques et des traditions guerrières
L’auteur consacre une large part de son livre à l’étude des techniques de combat, des armes et de l’organisation militaire des Germains. À travers une analyse minutieuse des sources archéologiques et textuelles, il montre comment les guerriers germaniques ont influencé et évolué en contact avec le monde romain, tout en conservant des spécificités culturelles marquées.
Les armes germaniques, comme les célèbres haches et épées, sont décrites avec précision. Speidel explique comment elles ont évolué au fil du temps, notamment sous l’influence des innovations romaines.
La tactique de la guerre germanique, souvent centrée sur des attaques soudaines et brutales en terrain difficile, est étudiée à travers des exemples de batailles historiques. L’auteur met en lumière l’importance des guerriers d’élite, tels que les chefs de tribu et les combattants au statut particulier.
Speidel consacre également une réflexion aux rites guerriers chez ces peuples en insistant sur les comportements héroïques, sur la spiritualité et les croyances dans la préparation au combat ; l’acte guerrier, marqué par la bravoure, permettant d’accomplir son destin.
Une contribution essentielle à l’histoire des guerriers germaniques
Michael Speidel signe ici un ouvrage aussi érudit qu’accessible, qui s’adresse aussi bien aux historiens spécialisés qu’aux passionnés d’histoire militaire. Sa capacité à croiser les sources romaines, archéologiques, et les récits médiévaux scandinaves permet de tracer une histoire continue des guerriers germaniques, depuis leur premier contact avec Rome jusqu’à leur héritage dans la littérature des sagas.
Pour Speidel, les cultures qui se civilisent comme la Grèce ou Rome abandonnent la figure du guerrier pour lui préférer celle du soldat, mais la « survivance finale » du guerrier à la fin de l’Antiquité est aussi la victoire d’une tradition primordiale, que les Germains avaient continué volontairement d’incarner même en époque historique, entraînant avec eux la Rome tardive.
Ce livre offre une nouvelle compréhension de la figure du guerrier germanique, qui ne se résume pas à l’image classique du barbare des forêts d’Europe du Nord. Speidel montre au contraire la complexité de ces sociétés et leur importance historique dans la formation de l’Europe médiévale.
« Les anciens guerriers germaniques, de la colonne Trajane aux sagas islandaises » de Michael Speidel est un ouvrage incontournable pour quiconque s’intéresse à l’histoire des peuples germaniques et à leur influence sur la culture militaire européenne. En reliant les époques et les espaces géographiques, Speidel nous invite à découvrir un pan méconnu mais fondamental de l’histoire de l’Europe, où se croisent civilisations romaine et germanique. L’ouvrage constitue une référence précieuse pour mieux comprendre la continuité des traditions guerrières germaniques, tout en offrant une réflexion riche sur la transmission des valeurs et des récits à travers les âges.
Michael Paul Speidel (1937, Pforzheim) est un historien et épigraphe germano-américain, membre de l’Institut Archéologique Allemand. Après sa thèse sur les gardes à cheval du Haut Empire (Université de Fribourg, 1962), il devient professeur d’histoire de l’Antiquité grecque et romaine de l’Université d’Hawaï. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles d’érudition sur l’armée romaine et la guerre antique, dont il est un spécialiste international reconnu.
