Les anciens guerriers germaniques : de la colonne Trajane aux sagas islandaises

S’appuyant sur les sources textuelles, l’archéologie, l’épigraphie, l’iconographie antique et médiévale, ainsi que sur une vaste bibliographie (actualisée pour cette version française), Michael Speidel offre un ouvrage de référence sur l’art de la guerre des anciens Germains, qu’il examine sous de nombreuses facettes thématiques.

Le guerrier germanique, c'est, bien sûr, le guerrier-animal : le loup, l'ours, le bouc... et tant d’autres qui survivront dans l’héraldique médiévale. Mais ce sont aussi des types guerriers destinés à susciter l'effroi par leurs apparences et leurs attitudes provocatrices ou révoltantes. Des identités dont la réalité déborde du seul cadre tactique, intimement liées au furor et à l’esprit berzerk, à l’exaltation de la nudité, et caractérisées par un rapport ambigu à l'armure corporelle et au casque… Pour l'auteur, ces manifestations martiales doivent être rattachées aux réalités spirituelles de l’antique fonds indo-européen, une tradition primordiale dont les Scandinaves furent les derniers dépositaires, et à laquelle Rome et la Grèce avaient elles-mêmes activement appartenu avant de l’oublier.

Michael Speidel examine également les aspects immédiatement tactiques de l’art de la guerre germanique à travers ses armements spécialisés (la grande lance, la profusion des armes de jet, le bouclier) parfois archaïques (la massue, les pierres) qui, entre les bonnes mains, dans les justes circonstances, et employés avec l’attitude adéquate, permettaient d’emporter la décision. L'auteur dédie une attention particulière au combat à cheval et contre le cheval, spécialité qui fit des Germains des auxiliaires prisés. Par leur vaillance, en effet, les Germains ont joué, dès les premiers temps de l’Empire, un rôle considérable au sein de l’armée romaine, avant d’en devenir l’ossature : une transformation hautement symbolique qui en son sein abrite déjà le Moyen-Âge.

Soulignons que Les Anciens guerriers germaniques est préfacé par Yann le Bohec, qui a prêté un précieux concours à l’élaboration de cette traduction.