Extrait de l’article de Lucien Cerise : « L’ingénierie sociale, ou la ruse au service de l’utopie », pp. 32-41.
Depuis toujours, la guerre est psychologique, cognitive, culturelle et sémantique autant que physique et matérielle. Les Grecs et les Romains ont inventé la sophistique, la rhétorique et l’art de la persuasion, ce qu’on appelait naguère la propagande, renommée en contexte libéral "communication stratégique" et Storytelling, ou comment raconter des histoires qui mobilisent les émotions. La réflexion sur l’art oratoire et les joutes verbales – et surtout comment les gagner coûte que coûte – aura une longue postérité. La scolastique chrétienne médiévale développera la casuistique, dont les Jésuites seront les maîtres, et qui deviendra synonyme de discussions oiseuses. Dans le même esprit, le judaïsme talmudique donnera naissance au pilpoul, exercice consistant à défendre des raisonnements spécieux jusqu’à l’absurde, l’important n’étant pas qu’ils soient vrais ou logiques mais seulement vraisemblables. La théologie islamique n’est pas en reste et propose plusieurs stratégies de communication permettant aux musulmans prosélytes d’avancer masqués et de tromper les non-musulmans, ou kouffar, dans le cadre du djihad, la guerre d’expansion internationale de l’islam, un élément clé du Great Reset mondialiste (cf. Jacques Attali). La plus connue de ces techniques est la taqiyya, ou la simulation et la dissimulation des intentions, autorisée par le Coran (sourate 3:28) par prudence dans les relations avec les kouffar. Le second est la muruna, proche de la taqiyya, c’est-à-dire la flexibilité du comportement dans le djihad, autorisant les musulmans à s’écarter des préceptes coraniques, voire à les transgresser ostensiblement, pour donner le change. Deux autres concepts s’appliquent spécifiquement à la rhétorique : le kitman, ou le mensonge par omission, et la tawriya, ou comment tromper sans mentir, en jouant avec les doubles sens, les sous-entendus et les messages subliminaux qui passent en filigrane, ce qui s’apparente à la stéganographie, ou comment cacher un message dans un autre message, et au management des perceptions. Kitman et tawriya trouvent des applications politiques très concrètes en gestion de l’image et de la réputation, notamment en période électorale, par exemple dans les moyens de prolonger l’islamisation de la France en assurant la victoire d’Emmanuel Macron ou de Valérie Pécresse en 2022, sans jamais faire campagne ouvertement pour l’un ou l’autre, et même en les critiquant, mais en critiquant encore plus durement leurs concurrents qui risqueraient de mettre fin à l’islamisation s’ils arrivaient au pouvoir. L’essentiel du message doit être compris en creux, en négatif, dans ce qui n’est pas dit. »