Que ce soit par habitude, par paresse ou simplement par désir de se conforter dans nos propres idées, plus souvent qu’autrement nous lisons des ouvrages émanant d’écrivains de notre camp, d’auteurs avec lesquels nous nous savons en accord. Ces derniers nous réconfortent dans nos certitudes et s’ils ouvrent parfois une brèche permettant une certaine remise en question, celle-ci est souvent minime, secondaire.

Le livre
YIN, l'Occident comme cunnicratie de l’auteur Modeste Schwartz, que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam a ce mérite de sortir de ce paradigme. Je l’ai reçu un beau matin, sans en avoir fait la demande, et je pris quelques semaines avant de m’y intéresser sérieusement. Pourquoi un livre sur le féminisme, alors que nous avons bien d’autres chats à fouetter en ce moment ?
Je finis par l’ouvrir, par respect pour l’éditeur qui jugeait que je pourrais l’apprécier. Je le refermai rapidement, tant le ton cru, parfois vulgaire, voire même à l’occasion pornographique m’horripilait. De plus, les réflexions sur la famille, qui deviendrait l’apanage des classes sociales extrêmes, soit de la haute bourgeoisie qui en a les moyens et le lumpenprolétariat qui n’a plus rien à perdre, ne cadraient pas avec ce que je peux observer du Québec, où je côtoie de nombreuses familles plus ou moins nombreuses issues des classes moyenne et populaire. Ses théories sur le viol, sur le sado-masochisme ou sur les migrants importés à cause d’un déficit sexuel me faisaient penser qu’il recherchait d’abord et avant tout la provocation. La liste de ses ébats passés me poussait à croire qu’il recherchait un auditoire impressionnable, les « incels » étant probablement un lectorat sous-exploité.
Mais au-delà de tous ces points, comme je pus le constater en reprenant la lecture, Schwartz dresse un portrait glauque de la réalité, mais qui n’est malheureusement pas aussi éloigné du réel qu’on aimerait le croire. Même dans nos milieux, les couples battent de l’aile, les familles stables sont rares et la raison est simple. Elle se réduit à un mot, un seul : féminisme.
Le féminisme est à la base des problèmes sociétaux que l’on connaît. C’est « le principal facteur crisogène – socio-démographique, économique, culturel, voire écologique – des sociétés occidentales actuelles. » Est-ce là attribuer trop de mérite à cette idéologie? Peut-être, mais il reste que c’est un facteur majeur de ce que l’on peut appeler notre décadence.
Il ne faut pas confondre cause et conséquence. Le mariage homosexuel n’a pas détruit la famille, elle l’était bien avant, et ce dès l’arrivée du divorce, du concubinage, de la remise en cause du patriarcat, voire de la « démocratisation » de la contraception. Le mariage homosexuel est donc le couronnement du délitement de la famille et même des sexes, les uns étant au final devenus interchangeables, avec parent 1 et parent 2, une lubie qui n’a pas commencé avec l’adoption par les gays, mais bien avec « la généralisation des valeurs masculines, des codes masculins, au-delà de leur zone de légitimité intrinsèque », bref la virilisation de la femme qui voulait « devenir un homme comme les autres », en adoptant les caractères masculins, tout en demandant la féminisation de l’homme pour que les deux se retrouvent à mi-chemin. Le trans n’est donc que l’allégorie de ce phénomène de grande ampleur qui n’a pas débuté avec le féminisme « officiel » du siècle dernier, mais bien avant. Ce dernier n’était que la concrétisation d’une remise en question profonde du patriarcat traditionnel.
Il n’y a pas dix mille solutions, il n’y en a qu’une : être radical, soit revenir aux racines : la femme est femme, l’homme, homme. Un antidote totalement naturel.
Recension publiée dans le magazine québécois
« Le Harfang » à l’automne 2020.