Voter ou ne pas voter ? I Par Lucien Cerise

Publié en version courte dans Dystopia #6.

« Voter ou ne pas voter ? », telle est la question que se posent beaucoup de gens fatigués de la politique politicienne, et on les comprend. Cette question shakespearienne s’explicite ainsi : être ou ne pas être dans le système électoral ? Système électoral dont on connaît tous les défauts et les risques de trucages. L’objet de cet article est de montrer que cette question ne se pose pas car il est impossible de sortir du système électoral – qu’il soit corrompu ou honnête, et que l’on vote ou pas.

« Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit », disait Coluche. Eh bien, justement, le pouvoir cherche à l’interdire, prouvant ainsi que le risque de changement par le vote est réel. Ne plus voter : les abstentionnistes en ont rêvé, l’oligarchie veut le réaliser. Comme le montre Éric Verhaeghe dans diverses interventions, le suffrage universel est devenu le problème numéro 1 à gérer pour le pouvoir mondialiste, car ce suffrage universel réinjecte du pluralisme et de l’incertitude dans un système que les mondialistes veulent unifier pour le rendre prévisible. Le gouvernement mondialiste de la France représenté par Emmanuel Macron n’est pas sûr de gagner à la loyale les élections présidentielles et législatives qui doivent se tenir dans ce pays en 2022. Ce gouvernement réfléchit donc aux divers moyens de rester au pouvoir en annulant les scrutins ou en les truquant pour s’assurer de sa victoire. Autrement dit, le gouvernement mondialiste de la France poursuit le même objectif que les abstentionnistes : en finir avec le rituel démocratique du vote, soit en l’ajournant « sine die », soit en le réduisant à une farce électorale et un simulacre de démocratie. Il y a donc convergence d’intérêts, alliance objective, entre abstentionnistes et mondialistes pour en finir non seulement avec la « sincérité du scrutin », selon l’expression consacrée, c’est-à-dire sa véracité et sa légitimité, mais aussi en finir avec le scrutin tout court.

Les arguments des abstentionnistes militants pour détourner les gens d’aller voter vont du slogan « Élections, piège à cons ! », martelé sous diverses déclinaisons, à des réflexions un peu plus élaborées sur les fraudes électorales, en s’appuyant notamment sur l’exemple des USA en 2020. Rappelons tout de suite qu’il est possible de gagner un scrutin en dépit de fraudes massives. D’après le Général Michael Flynn, un ancien conseiller de Donald Trump, les élections de 2016 furent également truquées pour faire gagner Hillary Clinton, mais la participation en faveur de Donald Trump a été tellement importante qu’elle est parvenue à surmonter les fraudes1. En 2020, une participation pour Donald Trump moins importante et des fraudeurs pour Joe Biden mieux organisés que pour Hillary Clinton en 2016 ont permis à Biden de l’emporter. Mais le bras de fer, qu’il soit à la loyale ou contre des tricheurs, n’est jamais perdu d’avance. Les seules batailles que l’on est sûr de perdre sont celles que l’on refuse de livrer. Or, l’abstention est un refus de livrer la bataille, sous prétexte qu’elle serait truquée, donc déjà perdue, aboutissant à une prophétie auto-réalisatrice. L’abstention est un refus de participer à un système jugé a priori frauduleux, elle ne peut donc pas empêcher la fraude. Pour empêcher la fraude, il est nécessaire de participer au système où la fraude a lieu. L’abstention n’empêchera jamais la fraude, et de son côté, la fraude n’empêchera jamais un adversaire de gagner s’il se montre plus déterminé que le fraudeur. La fraude n’annule pas le rapport de forces, elle ne fait que le déplacer d’un champ dans un autre. L’abstention par risque de fraude consiste donc à ne rien faire du tout : cela n’empêche pas la fraude, ni le scrutin éventuellement truqué de se tenir et de désigner un vainqueur. Ignorer la corruption et ses conséquences ne les empêche pas d’exister. Il peut paraître cohérent de vouloir bouder un système corrompu. Le problème est que même les boudeurs sont enfermés dans le système qu’ils boudent et qu’ils en subiront les conséquences de toute façon, à égalité avec ceux qui ne boudent pas.

Après avoir écarté la pertinence de l’abstentionnisme pour risque de fraude, abordons le cœur du raisonnement : il est impossible de sortir du système électoral, même truqué. Il est impossible de sortir du simulacre, en cas de simulacre. Pourquoi ? Parce que même quelqu’un qui ne vote pas subira les conséquences du vote des autres. Quelqu’un qui ne vote pas sera rattrapé par les conséquences du vote des autres. Quelqu’un qui ne vote pas laisse les autres voter à sa place. Quelqu’un qui ne s’exprime pas laisse les autres s’exprimer pour lui. Quelqu’un qui n’occupe pas un certain espace laisse les autres occuper cet espace. Personne n’est au-dessus du système électoral puisque tout le monde en subira les conséquences, les votants comme les abstentionnistes. Le système électoral est un système fermé. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un système où tout le monde subira les conséquences de l’événement, même ceux qui ne votent pas, et même si le vote est truqué. C’est un système où tout le monde subira les conséquences de ce qui s’y passe, même ceux qui croient être à l’extérieur, et même si tout est faux. Autrement dit : ne pas voter dans un système fermé, c’est ne s’opposer à rien, donc, en particulier, ne pas s’opposer au favori. C’est donc soutenir implicitement le favori. Ne pas voter, ce n’est pas rester passif, c’est une action qui consiste à ne s’opposer à aucun résultat du vote, ce qui aide mécaniquement le favori. Autrement dit : on ne peut pas ne pas voter. Tout le monde votera, de toute façon.

L’abstentionnisme peut ainsi être une stratégie pour soutenir discrètement le favori du scrutin. En l’état actuel des sondages, Emmanuel Macron est favori pour la présidentielle. Quand on ne peut pas dire « Votez Macron ! », on peut dire « Ne votez pas pour ses adversaires ! » – ce qui favorise le candidat Macron par antiphrase, sans le dire ouvertement – ou encore « Macron et les autres, c’est pareil, donc ne votez pas ! », ce qui revient à avantager Macron puisqu’il est favori. Car en effet, ne pas voter, c’est en fait voter pour le favori, selon le principe « Qui ne dit mot, consent ». Dans un deuxième tour Macron/Zemmour ou Macron/Le Pen, ne pas voter c’est en fait voter pour Macron. Dans ces conditions, les abstentionnistes travaillent à la victoire de Macron, sans forcément en être conscient. Quand on veut faire partir Macron, la logique la plus élémentaire commande de soutenir et voter pour quelqu’un d’autre. Ne pas voter et ne pas s’engager dans le système électoral, sous divers prétextes, c’est privilégier le « statu quo », c’est essayer de prolonger l’état de fait actuel, c’est-à-dire Macron président. Ne pas voter, c’est laisser toute la place à l’adversaire et au favori, c’est donc ouvrir une avenue à la réélection de Macron en faisant le vide autour de lui. Le front anti-Zemmour, qui parvient à unir le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) et les antisionistes, est donc pro-Macron. Un deuxième tour d’élection présidentielle est comme un questionnaire fermé, c’est forcément l’un ou l’autre. C’est une logique binaire implacable. Si ce n’est pas l’un, c’est forcément l’autre. Dans un deuxième tour Macron/Zemmour, si ce n’est pas Macron, c’est Zemmour, et si ce n’est pas Zemmour, c’est Macron. Point à la ligne. En l’état actuel des sondages, Emmanuel Macron est favori pour la présidentielle. Ne pas voter, c’est donc voter pour Macron. Vous avez jusqu’au 4 mars 2022 pour vous inscrire auprès de votre mairie pour voter à la présidentielle, et jusqu’au 6 mai 2022 pour les législatives.

Lucien Cerise.


1« Global Exclusive : General Michael T. Flynn Lays Out Plan To Save America And The World » : https://banned.video/watch?id=619548cf269aa852508b7d97

Articles en relation