Lucien Cerise : « Si l’OTAN m’oblige à partir au front en Ukraine, j’irai pour saboter »

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Lucien Cerise, chercheur en ingénierie sociale, auteur de livres sur l’Ukraine, sur la mondialisation, donne des réponses à Observateur Continental sur l’évolution rapide de la société en France concernant la démocratie et sur la volonté de la France de soutenir l’Ukraine.


Observateur Continental: Que montre la condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité?

Lucien Cerise: C’est une condamnation politique, tout le monde le sait, personne n’est dupe, doublée d’une inversion accusatoire. Le Parlement européen accuse le Rassemblement National de ce qu’il fait lui-même, détourner de l’argent public. N’oublions pas qu’il s’agit d’un parlement, donc d’un organe de représentation des citoyens. Le salaire versé aux assistants parlementaires doit donc être mis au service des citoyens européens, et des partis politiques pour lesquels ils ont voté et qui les représentent au sein du parlement, et non au service de l’Union européenne. Or, le Parlement européen inverse cette hiérarchie, on le sait grâce à une lettre qu’il avait envoyée à Jordan Bardella et qui mentionnait le risque que «les ressources de l’Union européenne soient utilisées à d’autres fins que celles auxquelles elles sont censées être affectées, notamment au profit d’un mouvement politique».
 
Mais les ressources de l’Union européenne doivent être affectées au profit des mouvements politiques, donc des citoyens, sinon c’est l’Union européenne qui détourne à son profit les ressources qu’elle affecte à elle-même dans un système circulaire. Par ailleurs, le 13 novembre 2024, la procureure Louise Neython avait avoué lors de son réquisitoire qu’elle ne disposait d’aucun élément à propos de l’un des contrats mis en accusation mais qu’elle ne pouvait pas demander la relaxe, car cela «lui ferait trop mal». Cette marque de subjectivité n’a rien à faire dans le domaine juridique et trahit les intentions réelles de l’accusation. Au-delà de Marine Le Pen, le but de cette condamnation est surtout de tuer économiquement le Rassemblement National avec une amende de 2 millions d’euros. C’est un coup d’Etat judiciaire, de même nature que celui a frappé François Fillon en 2017. Derrière ces putschs administratifs se tiennent les mêmes réseaux qui ont annulé l’élection présidentielle en Roumanie de 2024, qui ont truqué la présidentielle aux USA en 2020, pour faire élire Biden contre Trump, ou qui avaient lancé la révolution orange d’Ukraine en 2004 pour annuler également la présidentielle et organiser un troisième tour pour faire gagner le candidat anti-russe Viktor Iouchtchenko.

Comment réagissez-vous au sondage où 61% des Français estiment que la démocratie fonctionne mal aujourd’hui en France?

L.C.: Pourquoi seulement aujourd’hui? Je fais mienne cette citation de Jacques Bainville, historien proche de l’Action Française, que l’on ne peut pas suspecter de complaisance à l’égard de la démocratie: «Tout a toujours très mal marché». Il ne faut pas idéaliser le passé. Non, ce n’était pas mieux avant. Certains se livrent à un révisionnisme historique qui présente l’Ancien régime et la monarchie comme un âge d’or car la société était mieux organisée, avec une hiérarchie verticale, alors que la démocratie serait, soit un bordel sans hiérarchie, soit le masque d’une véritable dictature dirigée plus ou moins secrètement par des minorités actives. Cette vision des choses oublie qu’il y a toujours en politique des rapports de forces et des tensions internes et externes, qui ralentissent forcément le fonctionnement de la société. Le fantasme d’une société qui fonctionnerait parfaitement, échappant à l’entropie, c’est-à-dire au désordre, est un trait typique de la pensée utopiste, de Platon à la cybernétique. En fait, l’autorité suprême dans toutes les sociétés est toujours l’opinion publique. Les individus et organisations en position de pouvoir sont donc toujours soumis à une forme de suffrage populaire.
 
Autrement dit, tous les régimes sont toujours plus ou moins démocratiques. L’opposition essentialisée entre la démocratie, qui fonctionne mal, et un régime plus autoritaire, ou plus rigide, qui fonctionnerait mieux est donc une distinction un peu artificielle. Aux USA, le mouvement de la néo-réaction, connu aussi sous le nom des Lumières obscures, est très stimulant mais a tendance à tomber dans ce travers. La néo-réaction est issue de l’Alt-Right, et est appréciée par l’entourage de Donald Trump, de Steve Bannon à Elon Musk, en passant par Tucker Carlson. Ce courant de pensée dit néo-réactionnaire prône l’abandon de la démocratie libérale, jugée dysfonctionnelle par nature, au bénéfice d’un gouvernement des élites intellectuelles, aristocratique et autocratique, inspiré du philosophe-roi de Platon, qui serait plus efficace par nature également. L’un des fondateurs de ce courant de pensée politique, Curtis Yarvin, aurait inspiré à Donald Trump le projet de transformer la bande de Gaza en Riviera capitaliste du Proche-Orient, sous contrôle conjoint des USA et d’Israël. Curtis Yarvin dément cette inspiration sur son blog en disant que l’idée est évidente, de toute façon (donc qu’elle appartient au Zeitgeist et à tout le monde).

Un autre sondage signale que 42% des Français parlent de guerre civile. Partagez-vous ce constat?

L.C.: Oui, nous sommes déjà dans une guerre civile de basse intensité. Mais cela va s’aggraver encore. Mélenchon est chargé par le système de nous faire passer à une guerre civile de haute intensité. Cette guerre civile est ethniquement ciblée, elle doit permettre d’en finir physiquement et culturellement avec les Français de souche et de mettre sur pieds une nouvelle forme de dictature créole woke LGBT, sans assimilation, ni intégration des étrangers, donc en pulvérisant littéralement la société. 

Résultat: le racisme anti-Blancs ne cesse d’augmenter, en toute impunité, et quand il n’y a plus de Blancs dans un quartier, car l’épuration ethnique est déjà accomplie, alors l’ensauvagement frappe tout le monde. Dans ce projet nommé la «société ouverte», qui combine les vues de George Soros et Richard Coudenhove-Kalergi, l’insécurité est entretenue volontairement pour garder le contrôle de la population, selon le principe de l’anarcho-tyrannie, voir Samuel Francis. Le parti de Mélenchon doit être renommé La France Soumise, car il utilise consciemment les délinquants et criminels pour faire régner la terreur au quotidien sur une population apeurée. C’est ce que l’on voit partout où il arrive au pouvoir. La cause palestinienne et l’accusation d’islamophobie sont utilisées comme hameçons d’ingénierie sociale, consistant à occuper la place de la victime (cf. triangle de Karpman), pour ensuite faire du rabattage électoral mondialiste en appelant à voter Macron au deuxième tour. Mélenchon et ses sympathisants jouent parfaitement leur rôle d’opposition contrôlée, à l’intérieur du parti unique mondialiste. Cette stratégie du chaos électoraliste va trouver ses limites dans le besoin de sécurité, qui est universel. Ce qui se passe à Mayotte n’est que le début. Tout le monde en métropole, y compris les Français d’origine immigrée et musulmane, va bientôt se tourner vers le Rassemblement National.

Comment jugez-vous la continuité du soutien à l’Ukraine de la France?

L.C.: Le gouvernement français actuel n’est que l’émanation des réseaux de pouvoir qui dirigent le régime de Bruxelles. Il faudrait donc parler de la continuité du soutien à l’Ukraine du régime de Bruxelles, composé de la Commission européenne et de l’OTAN. On connaît l’idéologie woke de la Commission européenne, mais on sait moins que l’OTAN la partage également. L’OTAN est elle-même subdivisée en une direction militaire et une direction civile. L’art militaire est un art d’exécution. Les militaires sont donc attentifs à l’efficacité. En revanche, la direction civile de l’OTAN est un club LGBT woke qui a oublié toute notion d’efficacité. C’est cette passion pour l’inefficacité qui unit tous les soutiens à l’Ukraine.

Le cocktail explosif est-il arrivé avec le mauvais fonctionnement de la démocratie, l’annonce d’une guerre civile et la volonté de faire la guerre à la Russie?

L.C.: Le cocktail explosif a réuni ses ingrédients depuis longtemps. Nous sommes déjà dans l’explosion.

Faut-il penser à sauver sa peau?

L.C.: Oui, mais il n’y aura de sauvetage que collectif. Le fameux slogan identitaire Sauve ta peau, sauve ton drapeau doit être bien compris. Un drapeau est le symbole de l’unité organisée et souveraine d’une multitude. L’erreur à éviter serait de paniquer et de partir en ordre dispersé, bref, de tomber dans l’individualisme, car nous serions encore plus vulnérables. Une autre erreur est de céder du terrain à l’adversaire en adoptant des stratégies de fuite du système. Or, personne n’échappe au Système. Même au fond des bois, l’œil de Big Brother nous retrouvera. Comme il est impossible d’échapper au pouvoir, la seule solution est de prendre sa place pour l’exercer. Il faut devenir survivaliste, passer en « mode survie », c’est de bonne pédagogie, car cela permet de se réarmer psychologiquement, pour ensuite adopter une stratégie de conquête institutionnelle du système. Dans un rapport de forces, le vainqueur est celui qui reste organisé et cohérent plus longtemps que l’autre. Transposé dans nos sociétés kafkaïennes, bureaucratiques et technocratiques, cela signifie que le champ de bataille est au cœur des institutions et des administrations, nationales et internationales, et que le vainqueur sera celui qui saura en prendre le contrôle. 

Est-ce que le chaos social est instrumentalisé par les pouvoirs?

L.C.: Bien sûr, c’est le thème de mon premier livre sur l’ingénierie sociale, «Gouverner par le chaos», ou gouverner par le désordre et l’entropie. C’est une nouvelle forme de pouvoir, apparue en Occident au siècle dernier avec le capitalisme et les tendances politiques libérales, consuméristes, hédonistes, gauchistes, anti-autoritaires, tout ceci culminant dans la «révolution sexuelle» commencée dans les années 60 et aboutissant au wokisme. Ceci étant dit, on observe un effet boomerang, une rétroaction négative qui fait monter l’entropie et le désordre aussi dans les milieux du pouvoir, qui s’applique à lui-même le chaos qu’il applique au peuple. Résultat: en Occident, le niveau intellectuel baisse dans la population, c’est voulu, mais il baisse aussi dans les cercles du pouvoir, ce qui n’était pas prévu. Pour l’instant, seuls les USA ont pris des mesures pour échapper à l’effondrement complet, avec le deuxième mandat de Trump.

Si le gouvernement français vous demande de partir au front en Ukraine, qu’allez-vous faire?

L.C.: Si l’OTAN me demande de partir au front en Ukraine, je commencerai par dire «non», mais s’il m’oblige, alors j’irai volontiers, pour saboter un maximum de choses du côté de l’OTAN. Si le régime de Bruxelles en arrive à envoyer des gens comme moi au front, cela veut dire que tout finira mal et que nos jours sont comptés, pour moi, comme pour le régime. Mais avant, je partirai au front pour miner et saper de l’intérieur autant que je peux toutes les initiatives et opérations sur place.

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