Éveillés et camp du bien : les péchés véniels de la résistance I Par Éric Verhaeghe

Près de trois ans après le début du COVID et de ses mouvements en domino, les adversaires du narratif mondialiste se regroupent autour de quelques appellations aux contours encore flous. Beaucoup se sentent à l'aise avec le concept d'"éveillés". D'autres n'hésitent pas à parler de camp du bien. Je voulais aujourd'hui m'étendre sur l'ambiguïté de ces mots (qui, en creux, en disent long sur les fondamentaux cachés qui les portent), et expliquer pourquoi je préfère le terme de "résistance".




Comment se désigner, se reconnaître, se nommer, quand on ne croit pas au narratif mondialiste asséné quotidiennement par le cartel des médias subventionnés ? 

Bien entendu, il y a le sobriquet binaire attribué par la caste : “complotiste”, qui désigne tous ceux qui font preuve du moindre esprit critique vis-à-vis des mantra irrationnels que nous sommes priés de gober comme un œuf, sans réfléchir. Mais s’il y a bien des complotistes parmi nous, qui croient à tout un tas de choses extravagantes, ils ne sont que des moutons à cinq pattes qui dissimulent un troupeau sain d’esprit. 

Par commodité, certains s’appellent les “éveillés”, terme efficace pour désigner ceux qui ont secoué la torpeur du téléspectateur moyen de TF1, enclin à croire que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté sur le Rhin, et que la gestion de la pandémie n’a donné lieu à absolument aucun conflit d’intérêt, aucune interférence, avec l’industrie pharmaceutique. D’autres aiment se nommer le camp du bien, façon gauche bobo qui se donne le bon Dieu sans confession. Un troisième groupe se retrouve plus aisément dans l’expression de “résistance”. 

Ces mots se valent-ils ?

Je voulais apporter une petite contribution de fin d’année sur le sujet. 

Éveillé ? mais jusqu’à quand ?

J’aime bien le terme “d’éveillé” parce qu’il désigne très justement le processus qui s’est produit chez un nombre grandissant de personnes tout au long de l’épidémie : celui d’un doute grandissant vis-à-vis de la véracité du narratif industrialisé par les gouvernements occidentaux. Au début, ce fut un simple soupçon, puis, au fur et à mesure que chacun a croisé les informations (pour le meilleur comme pour le pire), le soupçon s’est mué en scepticisme vis-à-vis de l’histoire dans laquelle la caste cherchait (et cherche encore à nous embarquer). 

Donc, il y a bien eu un “éveil”.

Toute la difficulté est de savoir combien de temps l’éveil dure, et c’est un peu ce qui me gêne dans ce terme. Car beaucoup l’entendent comme un terme absolu et final : on serait éveillé sur tout et une bonne fois pour toutes, on détiendrait soudain la vérité en toutes choses. 

C’est le principe de la révélation chrétienne : Dieu m’apparaît, et maintenant je vois, je sais, je marche. Une fois la révélation opérée, il n’y a pas de retour en arrière. 

Au risque de décevoir certains, je crois que cette conception de l’éveil est fortement pernicieuse, car elle autorise toutes les déviations les plus intolérantes, les plus fanatiques possibles, et elle ne vaut guère mieux que l’arrogance macronienne. 

Je vois deux raisons à cela. 

La première est que l’on peut être éveillé sur certains sujets, et totalement endormi sur d’autres. Beaucoup ont par exemple compris la rodomontade d’une maladie comme le COVID, danger mortel incurable sauf par un vaccin dont les faiblesses et la toxicité étaient taboues sous peine de bannissement brutal. Mais cet éveil sur le volet sanitaire de la crise vaut-il éveil sur les questions économiques, ou diplomatiques ?

J’ai autant de doute sur ce point que sur la durée de l’éveil. Je crois que la révélation n’existe pas, ou alors elle n’est qu’un début, un premier pas sur le très très long chemin de la pensée libre et de la compréhension du monde. Je sais que nous vivons dans une société de l’instant, où beaucoup imaginent qu’on devient intelligent aussi vite qu’on retire de l’argent à la banque. Mais je crois qu’il n’y a pas pire erreur que de céder à cette paresse de faux-monnayeur, selon laquelle un éclair de lucidité dispense de cette torture quotidienne qui consiste à penser librement. 

Les incompréhensions d’un grand nombre sur l’affaire ukrainienne l’ont montré. 

L’éveil et le piège de la contemplation

Une autre dimension me gêne dans l’éveil : l’illusion qu’au fond le combat que nous avons à mener se limite à une guerre de l’information et du savoir. Savoir qu’ils mentent suffirait à mettre leurs projets en échec. 

J’entends le confort que beaucoup peuvent trouver dans cette conviction : au fond, le combat se limiterait à fureter sur Internet à la recherche de la dernière information tonitruante, que l’on partage sur les réseaux sociaux à l’abri d’un pseudonyme. Et hop ! le Great Reset s’arrête…

Je ne nie bien entendu pas l’utilité de l’accès à l’information et de son partage. En revanche, je conteste qu’elle suffise à faire reculer la caste dans ses projets destructeurs. J’ai même la conviction inverse : sans rapport de force politique, nous n’avons pas d’avenir. Certes, éveiller les consciences est le DÉBUT d’un rapport de force politique, mais ce n’est certainement pas sa fin. 

Donc, il faut s’engager, et je crains qu’à se croire empli, imbu d’éveil, on oublie la dimension la plus désagréable de la lutte : celle qui consiste à peser, sous son nom propre, dans le débat public. 

La pitoyable plaisanterie du “camp du bien”

J’ai de la tendresse pour le camp des éveillés, j’en ai beaucoup moins pour le “camp du bien” que je lis sous certaines plumes. 

Donc, nous ne serions pas dans un combat politique, modèle contre modèle, mais dans un combat moral : gentils contre méchants, bons contre mauvais, saints contre démons…

Personnellement, je n’ai pas secoué le joug d’une gauche débile et débilitante, d’une gauche pharisienne dont le seul enjeu est d’avoir bonne conscience à peu de frais, souvent en se mentant chaque jour sur elle-même, en dissimulant ses turpitudes, pour le reproduire et le retrouver dans mon “camp”. 

Sur le fond, je ne combats pas le Great Reset parce que je suis un gentil dans une série Netflix, opposé aux méchants. Je le combats pour rester libre. Et je n’ai nul besoin d’être entouré de “gentils” pour le faire. Il me suffit d’être entouré de combattants efficaces. 

Pour aller plus loin, je ne dirai jamais assez ma méfiance vis-à-vis des gens qui ont besoin de se penser dans le camp du bien : ces gens-là m’ont toujours semblé avoir quelque chose à cacher. La morale, c’est comme le sexe : plus on en parle, moins on la pratique. Et l’expérience montre que ceux qui parlent sans cesse du bien jusqu’à s’en tailler des drapeaux, des chemises et des oriflammes, parfois des manteaux, sont souvent les pires crapules que la terre ait porté. 

La résistance, c’est le combat politique

Au fond, la catégorie, l’appellation que je préfère, c’est bien celle de la résistance, parce qu’elle regroupe les notions qui me semblent indispensables pour combattre réellement le Great Reset. 

D’abord, elle intègre l’idée d’engagement. C’est cette force qui nous manque le plus aujourd’hui. Combien, parmi les “éveillés”, pardonnent-ils l’intermittence de leurs convictions en se collant une étiquette commode, “vendeuse”, pour faire oublier que le combat pour la liberté est un souci qui leur tient à cœur… une fois qu’ils sont revenus de vacances, qu’ils ont fini leur séance de sport et qu’ils ont rempli le caddy à l’hypermarché. Je ne jette pas la pierre : je dis seulement qu’il faut assumer la monnaie de sa pièce. Si l’engagement contre le Great Reset n’est que la priorité n°10 sur une liste de 15, pourquoi se faire passer pour un héros ?

Mais il n’y a pas que l’engagement, il y a aussi sa suite logique : le combat politique. Vous le savez, je prône la sécession, et bientôt l’anti-putsch par des voies légales et pacifiques pour défendre nos libertés. Cette étape est indispensable pour que la caste ne nous vole pas le monde d’après que nous rêvons, que nous voulons, que nous méritons. 

Ce n’est évidemment pas en limitant notre riposte à un simple éveil que nous remporterons la guerre qui nous est menée. 

C’est en résistant collectivement. 

Éric Verhaeghe
Le Courrier des Stratèges

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