Compte-rendu de la tournée 2019 au Liban et en Syrie du Mouvement International pour la Souveraineté des Peuples

Rédigé par Lucien Cerise et Jean-Michel Vernochet. 

À l’initiative de l’écrivain et réalisateur franco-syrien Adnan Azzam, et à l’invitation du Parti Baas syrien, une délégation de journalistes, intellectuels et militants issus d’Europe et de Russie s’est rendue au Liban et en Syrie pour une série d’interventions publiques du 27 février au 6 mars 2019. Le thème en était : « Les Européens sont-ils en train de changer leur vision du monde par rapport à Israël et à l’OTAN ? ». 

Cet événement s’inscrit dans un projet plus large courant sur l’année 2019, débuté à Paris le 20 janvier par la conférence inaugurale du Mouvement International pour la Souveraineté des Peuples et la proclamation de son manifeste, l’Appel de Damas. Il se poursuivra par un voyage emblématique et à cheval qu’entreprendra Adnan Azzam entre Syrie et Russie, au départ de Damas le 17 avril (à l’occasion du Festival du Cheval), et qui devait s’achever à Moscou en novembre, via Bagdad et Téhéran. Ce programme doit s’articuler à celui du Forum de Chișinău, lancé en Moldavie sous l’impulsion de son ancien vice-premier ministre Yurie Roșca, également présent en Syrie, afin de renforcer un axe géopolitique souverainiste à travers le continent eurasiatique. Les autres membres de la délégation étaient Daria Douguine (Russie), Alessandro Sansoni (Italie) et venant de France, Maître Arnaud Develay, Youssef Hindi, Emmanuel Leroy, Guerric Leroy, Jean-Michel Vernochet, Antony Drumel et Lucien Cerise.
 
Un agenda bien rempli attendait les participants pendant cette semaine syrienne : interventions médiatiques, conférences publiques, rencontres avec les autorités locales politiques, administratives et religieuses dans la capitale et les gouvernorats d’Alep, de Hama, Lattaquié, Tartous et Soueïda.

Mercredi 27 février :

Arrivée à l’aéroport de Beyrouth. À peine descendus de l’avion, nous nous rendons dans les studios de la chaîne Al Mayadeen pour participer à l’émission « Le jeu des nations », présentée par Sami Kleib, fameux journaliste franco-libanais, qui sera diffusée le 13 mars avec comme sous-titre : « Un épisode exceptionnel avec des militants européens ».
https://www.youtube.com/watch?v=eFHySyTsoXE


Après l’enregistrement de l’émission, nous avons quartier libre pendant quelques heures, ce qui nous permet de visiter le bord de mer, face au rocher Al Raouché, symbole de Beyrouth, pour quelques photos souvenirs. Il s’ensuivra une pause-café et le transfert à Damas où nous arrivons dans la nuit.


À Damas, nous sommes logés à l’hôtel Cham, dont la terrasse panoramique permet d’admirer la ville et le Mont Qassioun qui la surplombe.


Jeudi 28 février : Damas.

Le matin, rencontre avec des dignitaires du Parti Baas : Messieurs Hilal et Dakhlallah. Le second nous donne quelques chiffres sur la guerre : rien que pour l’année 2018, 32 000 terroristes ont été tués, 150 chars ont été détruits, ainsi que 957 canons de divers calibres et 3000 mitrailleuses mobiles. Depuis 2011, 200 000 terroristes ont été éliminés, sur un total estimé de 500 000 individus, armée composée aux deux tiers d’étrangers. C’est une guerre sans précédent dans l’Histoire, une guerre hybride, mélange de moyens conventionnels et non conventionnels, à tel point qu’elle est désormais étudiée dans les écoles militaires aux États-Unis. Les médias et la diplomatie ont été militarisés de manière belliqueuse à un niveau rarement atteint : de véritables torrents de désinformation se sont déversés afin de diaboliser le gouvernement syrien et de l’exclure de la Communauté internationale ; la plupart des représentants des pays occidentaux ont quitté la Syrie et de dures sanctions économiques prolongent actuellement la guerre perdue sur le terrain par les coalitions arabes et occidentales et leurs mercenaires takfiristes. Au final, ce sont environ 400 milliards de dollars qui ont été mobilisés en vue de renverser le gouvernement syrien légitime.

M. Dakhlallah aborde ensuite les caractéristiques de la résistance syrienne. Damas a été encerclée et assiégée pendant six ans, mais le gouvernement a décidé de ne pas instaurer l’état d’exception, ni de mettre en œuvre une économie de guerre, afin que la vie puisse continuer (presque) normalement. Les salaires et les retraites ont continué à être versés, les voyages à l’étranger sont restés autorisés. Les opposants politiques n’ont pas été emprisonnés, il y a même eu la création de douze partis politiques au cours de la guerre et un ministre issu de l’opposition. Quant à la nouvelle constitution syrienne adoptée en 2012, elle est une copie de la constitution française de 1958, ce qui prouve que le gouvernement syrien n’a pas de rancune particulière à l’égard de la France et de ses institutions. En effet, comme le conclura Monsieur Dakhlallah, le problème principal à traiter dans cette guerre vient des conseillers et officiers de renseignement occidentaux infiltrés en Syrie pour former et encadrer les terroristes, et le rôle des services français d’action clandestine dans cette tâche est connu de tous.
 
Après cet exposé riche d’enseignements, nous nous rendons sur le tournage d’une émission de télévision présentée par Madame Layal Saber Falhout. À cette occasion, les membres de la délégation revêtent des gilets jaunes pour symboliser la convergence des luttes anti-globalistes entre la France et la Syrie.


Dans la soirée, nous visitons la Grande mosquée des Omeyyades de Damas, construite entre 706 et 715.


Un haut lieu de l’Islam où des reliques chrétiennes de Saint Jean le Baptiste sont magnifiquement conservées depuis des siècles.


Vendredi 1er mars : région de Damas.


Le matin, visite du centre équestre de l’Association Syrienne du Cheval Arabe. Après la réception et le traditionnel café à la cardamome, le directeur nous fait faire un tour dans les écuries pour nous montrer ses pur-sang anglais et arabes.


Les Syriens parviennent à garder le moral, mais dès que l’on sort du centre-ville, les champs de ruines s’étalent sur des kilomètres.

Dans l’après-midi, visite de Maaloula, l’un des plus anciens villages chrétiens parlant le soureth ou néo-araméen, et son église consacrée à Sainte-Thècle. Un lieu étonnant, construit à flanc de colline et creusé dans la roche, qui fut envahi par le Front Al Nosra (Al Qaïda) en 2013 et libéré par le Hezbollah et l’armée syrienne régulière en 2014.


Maaloula, avec encore un peu de neige (nous sommes en mars).


Le prêtre chrétien et ses fidèles entonnent un chant. 

Samedi 2 mars : Damas.

Conférence publique à l’opéra de Damas, en présence des médias syriens et des hautes autorités.


Interview avec un média syrien à Damas.


Nous nous rendons à Alep en avion. Dès son arrivée, la délégation est reçue par le gouverneur, M. Hussein Diab, qui nous expose clairement la situation tant sécuritaire qu’économique. En effet, il existe encore dans la région des poches de territoires plus ou moins contrôlées par des terroristes, notamment à Idleb où les opérations militaires ne sont pas encore tout à fait achevées. Pendant la nuit, nous entendons plusieurs coups de canon à longue portée.
 
Dimanche 3 mars : Alep.

Le matin, visite de la citadelle, édifice colossal datant de l’antiquité et dont les dimensions sont celles d’une ville fortifiée.
 


Puis visite des ruines de la Grande mosquée d’Alep, détruite par les terroristes islamistes en 2013 et en cours de reconstruction depuis 2017, chaque pierre étant minutieusement répertoriée et classée pour retrouver sa place originale.


La rencontre publique a lieu dans un amphithéâtre plein à craquer de l’université d’Alep. Des étudiants militants nous accueillent en scandant avec une belle ferveur « Allah, Souriya, Bachar ou Baas ! », « Dieu, la Syrie, Bachar et le Baas ! » Néanmoins, pendant la séquence de questions et réponses, un intervenant dans la salle avouera qu’il s’était préparé à interpeller cette délégation composée en majorité de Français, issue d’un pays qui lui fait la guerre ces dernières années, mais qu’il avait découvert pendant nos discours que nous étions bien différents du gouvernement français, finalement peu représentatif de la France réelle. Les organisateurs de la conférence nous ont ensuite prodigué des cadeaux, dont une collection de savons, la spécialité locale, dans un magnifique écrin de bois.


Dans l’après-midi, transfert par avion à Lattaquié, avec un détour par Hama en raison de mauvaises conditions météorologiques, ce qui donne l’occasion de faire une pause à l’aérodrome pour y saluer les autorités. Un responsable nous apprend avec tristesse que, durant la nuit, vingt soldats ont trouvé la mort et treize autres ont été blessés en repoussant une attaque terroriste.


Lundi 4 mars : Lattaquié et Tartous.

Conférence publique au Centre culturel de Lattaquié (Sheikh Daher Community Center). En préambule, une veuve syrienne ayant perdu son mari, son fils et son frère dans la guerre nous présente un témoignage poignant mais empreint d’une grande dignité. Notre délégation lui remet un cadeau symbolique : une pièce de soie fabriquée en France, à Lyon, avec des motifs inspirés des brocarts damascènes.

Aussitôt la conférence achevée, nous partons à Tartous pour enchaîner le jour même une deuxième réunion publique. Comme toutes les précédentes, elle débute par une minute de silence pour les martyrs de la guerre, suivie de l’hymne national syrien. Retour à Damas en fin de soirée.

Mardi 5 mars : Damas et Soueïda.

Le matin, le Président Bachar Al-Assad nous reçoit très aimablement pour un entretien d’une heure.


L’après-midi, déplacement dans la région d’origine d’Adnan Azzam, près de Soueïda, au sud de Damas. Sur la route, des véhicules militaires abandonnés.


Nous faisons une halte commémorative devant le monument érigé en mémoire du Général Issam Zahreddine, lui aussi originaire de la région et mort pour sa patrie.

Nous sommes ensuite invités dans le village natal d’Adnan pour une réception chaleureuse et un repas traditionnel partagé avec les habitants et en présence du gouverneur, cousin d’Adnan Azzam, et du secrétaire général du Parti Baas.


Avant de revenir à Damas, nous finissons la journée par quelques emplettes de souvenirs sous bonne escorte dans le souk de Soueïda, ville qui a été l’objet d’une terrible attaque terroriste le 25 juillet 2018.

Mercredi 6 mars :

Transfert à l’aéroport Rafic-Hariri de Beyrouth. La ville et sa banlieue apparaissent de manière assez spectaculaire en vue plongeante sur une bande de terre étalée entre la mer et la montagne quand nous franchissons le Mont Liban au petit matin.

Commentaire de Lucien Cerise : la tournée de conférences organisée par Monsieur Adnan Azzam et le Parti Baas syrien a été l’occasion pour moi de découvrir sur le terrain un pays et un peuple que je soutiens depuis 2011 contre les épreuves qu’il a traversées et qu’il subit encore. Dès le début des révolutions colorées dites « printemps arabes », je me suis en effet engagé dans un effort de réinformation de mon entourage français sur la vraie nature des événements qui étaient en train de se dérouler. Il était prévu que la Syrie subisse le même sort que la Libye, ou l’Irak en 2003, ou peut-être pire. Dans un discours de février 2019, le Président Bachar Al-Assad évoquait l’holocauste auquel les Syriens ont échappé grâce à leur volonté et leur unité. La reconstruction de la Syrie a déjà commencé, mais le pays offre encore au regard en maints endroits un paysage de type post-apocalyptique.

On est en droit de se demander : pourquoi un tel acharnement pour rayer ce pays de la carte ? Il y a plusieurs explications, notamment l’absence d’endettement de l’État syrien avant la guerre. Cependant, après ce séjour, une évidence saute aux yeux : la Syrie et le Parti Baas qui la dirige sont des démentis cinglants à la théorie du choc des civilisations entre Islam et Chrétienté. L’histoire de la Syrie prouve concrètement qu’une nation forte et laïque peut unir plusieurs religions dans une « maison commune » à entretenir et protéger. L’identité nationale peut l’emporter sur les séparatismes religieux. C’est grâce à leur cohésion nationale et à la laïcité que les Syriens musulmans et chrétiens ont défendu ensemble la patrie syrienne contre l’ennemi étranger. Cet ennemi a pris les traits apparents du terrorisme islamiste, mais personne n’est dupe, et tout le monde sait que des puissances occidentales ainsi que l’entité sioniste se tiennent derrière, et pas seulement les monarchies wahhabites ou la Turquie du néo-ottomaniste Erdogan.

« Delenda Syria ! » La Syrie devait être détruite car elle est l’exemple vivant que la théorie d’un affrontement inévitable entre musulmans et chrétiens est fausse. La Syrie et le Parti Baas portent un message de paix et de réconciliation au monde entier, dont le Mouvement International pour la Souveraineté des Peuples peut et doit devenir un porte-parole. L’écart entre la Syrie réelle et son image médiatique en Occident est tel qu’il faut d’urgence travailler d’arrache-pied à la modifier en renversant la tendance pernicieuse de la désinformation. Ce travail est aussi dans l’intérêt bien compris des Européens et des Français. La Syrie est en première ligne des cibles du terrorisme international, mais la France n’est pas loin derrière. Ce que les Syriens ont connu pendant toutes ces années de guerre pourrait bel et bien devenir notre futur français, mais en pire, car ni la Russie, ni l’Iran, ni le Hezbollah ne pourront nous venir en aide. La Syrie a chassé de chez elle les terroristes, mais leurs patrons sont encore au pouvoir chez nous. Et ils s’y accrochent fermement avec toutes les ressources d’une démocratie baignant dans l’empire du mensonge.

FIN.

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