« La vérité, ça pique toujours un peu, au début » : Recension de « Survivre à l’effondrement économique » de Piero San Giorgio

En cas de crise grave, de soulèvements, de guerre civile, de pénuries de nourriture, d’eau et de sources d’énergies, êtes-vous en capacité d’y faire face ? Saurez-vous adopter la conduite la plus adaptée pour survivre, vous et votre famille, avec aussi vos amis proches ? Étudions cela au travers d’un des livres phares du milieu survivaliste.

Je ne pensais pas vous rédiger ce conseil de lecture aussi vite, pour être tout-à-fait honnête. Je me suis fait piéger moi aussi. Je n’envisageais pas que la situation en France et ailleurs évoluerai aussi vite vers le caniveau depuis la gestion du COVID-19 et le déroulé du plan mondialiste. Ordo Ab Chaos

Cet article fera donc directement suite au précédent : préparez-vous ! Je vais tenter de vous synthétiser en un minimum de mots pourquoi le tout premier livre de Piero san Giorgio, 

Survivre à l’effondrement économique, est un livre à lire et à comprendre avant de mourir. Plus précisément, si vous appliquez ses conseils vous aurez, croyez-moi, beaucoup plus de chances de rester en vie, quoi qu’il advienne. C’est parti !



La découverte de « Survivre à l’effondrement économique »

De quoi ça parle ?

La thèse de « Survivre à l’effondrement économique » est on ne peut plus simple : le monde moderne tel que nous le connaissons n’est pas viable, il va bientôt s’effondrer et basculer durant quelques années, voire décennies, dans le chaos. Ce n’est pas du tout la fin du monde, mais la fin d’un monde, la fin d’un mode de fonctionnement arrivé à bout de souffle. Nous allons connaître une longue période de transition, que chacun vivra différemment suivant les contraintes qui lui sont propres (famille, localisation…) ainsi que son niveau de préparation aux crises. Un ensemble de sociétés très différentes des précédentes, naîtrons dans les prochaines décennies, sur les ruines des anciens empires économiques et étatiques. Survivre deviendra notre préoccupation majeure jusqu’à la refondation de sociétés plus viables. Notre mode de vie sera radicalement bouleversé et personne actuellement n’est prêt à un tel changement en profondeur, que cela soit d’un point de vue de préparation technique ou psychologique…

Cela ressemble au pitch d’un film d’anticipation tendance catastrophe, on est d’accord. Malheureusement, je pense que c’est simplement la réalité qui nous attend, sinon je ne prendrai pas la peine de rédiger ce conseil de lecture.
 
La vérité, ça pique toujours un peu, au début

J’espère avoir été assez clair et direct avec vous. Vous l’avez lu, le sujet est très facile à comprendre. Il est aussi très bien étayé tout au long du livre. Cependant, pour une majorité de personne, admettre cette thèse sera bien difficile, voire impossible pour de multiples raisons. La société française de ces dernières décennies nous a élevé dans une relative paix civile. Nous n’avons pas, pour la plupart, connu la faim, la peur du lendemain, la guerre, etc. Nous pouvons évidement nous en réjouir. Cependant, le revers de la médaille est aussi simple à comprendre : nous sommes devenus de gros fragiles. Notre société d’abondance nous a anesthésié. Nous sommes devenus incapables de conceptualiser que notre beau petit confort et notre sécurité soient en réalité bien fragiles et puissent un jour disparaître, encore moins demain.
 
Ma lecture

Bon alors, ce fameux bouquin… Je l’ai lu il y a quelques années lorsque j’habitais encore en région parisienne, pour ne pas dire en première ligne de front en cas de problème majeur. Déjà à l’époque je sentais intuitivement que la société ne tournait pas rond et se dirigeait vers un crash majeur, d’une façon ou d’une autre. Cette lecture a réveillé quelque chose de “primitif” en moi, dans le bon sens du terme. L’envie de survivre, mais de vivre aussi. Tout est devenu soudainement plus limpide et je pouvais mettre des mots sur les anomalies de fonctionnement de la machine complexe que sont les sociétés actuelles. De temps en temps je le reprenais en main pour me remettre les idées en tête et commencer à me préparer. Je crois que ce bouquin fait partie des livres qui m’ont le plus influencé et il a contribué à mon réveil.

J’ai en ma possession, il faut le noter, la toute première version du bouquin. Elle est désormais collector. Oui, c’est vraiment pour me la péter. En réalité, vous avez tout intérêt de vous procurer la réédition de 2020, puisque le livre est désormais broché, la couverture rigide et surtout, le contenu il me semble a été actualisé. C’est plutôt intéressant pour les nouveaux curieux
 
Articulation du livre

Survivre à l’effondrement économique s’organise en 5 parties :

  1. Risques et impacts (110 pages)
  2. L’effondrement (50 pages)
  3. Survivre (170 pages)
  4. Se préparer (40 pages)
  5. Annexes (30 pages)
Bien évidement il s’agit de la version de 2011. Je n’ai pas encore eu la réédition de 2020 entre les mains et il est vraisemblable qu’elle intègre un certain nombre d’approfondissements intéressants.
 
Le constat d’un système non viable

État des lieux et anticipation

La première partie du bouquin s’intitule Risques et impacts. Elle se consacre à expliquer dans quelles mesures notre monde actuel, tel qu’il a évolué, n’est pas viable à moyen et long terme. C’est une étape pédagogique obligatoire afin de bien comprendre la nature des problèmes que nous allons rencontrer dans les prochaines années (et que nous connaissons déjà en partie) et de poser le terrain d’une réflexion. Nous étions en 2011 lors de la première édition du livre, autant dire que la situation a encore bien évolué depuis !

En 2020, les choses s’accélèrent et certains signes de l’aggravation de la crise apparaissent progressivement au grand jour : faillite des entreprises, des États, surendettement, effondrement des hôpitaux, vagues migratoires, hausse générale des violences… la liste des problèmes non résolus s’allonge ! Avez-vous réellement le sentiment que tout cela va s’améliorer dans les années à venir ?
 
Pourquoi notre civilisation est-elle sur le point de s’effondrer ?

Le constat établit par cet ouvrage est éloquent : nous atteignons les limites physiques du raisonnable, et ce à plusieurs niveaux :

  1. Surpopulation mondiale ?
  2. Fin du pétrole à bas coût ?
  3. Limitations des ressources terrestres exploitables
  4. Effondrement écologique (certainement le plus grave de tous…)
  5. Faillite du système financier
  6. Sous-culture de masse / déculturation globale
  7. Phénomènes imprévisibles : catastrophe naturelles & industrielles
La démonstration de chacun de ces aspects est redoutable : nous allons dans tous les cas vers des catastrophes, même si nous trouvons les moyens et l’ingéniosité de rallonger les délais. Preuves à l’appui, à coups de graphiques et de statistiques, certains phénomènes semblent prendre l’allure de courbes exponentielles… sauf les ressources disponibles. Notre consommation de ressources, le gaspillage dont nous ne prenons pas bien conscience, la destruction des systèmes écologiques dont nous dépendons provoquera inéluctablement la perte des sociétés modernes alignées sur le modèle productiviste.

Beaucoup d’éléments de réflexions sont communs avec la collapsologie. Cependant, le survivalisme a toujours eu 10 ans d’avance sur la collapsologie…
 
Le processus d’effondrement d’une société

La deuxième partie, Effondrement, se consacre à la description des processus d’effondrement d’une civilisation. Car toutes les civilisations finissent par s’effondrer tôt ou tard. Si la Chine a relevé la tête plusieurs fois et s’est transformée, elle fait plutôt figure d’exception ! La plupart des sociétés ne survivent pas à un effondrement au-delà d’un certain seuil de basculement et disparaissent. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec l’agrégat de la super-civilisation planétaire de l’Anthropocène moderne, tellement sûre d’elle-même ?

Je parle d’agrégat, car les différentes civilisations contemporaines, malgré leurs différences culturelles, ont rapproché leur mode de fonctionnement industriel. Tout le monde utilise grosso-modo les mêmes sortes d’outils : des voitures, des machines plus ou moins automatisées, internet, etc. Les populations s’entassent de plus en plus dans les villes, espèrent toutes améliorer leur confort, etc. Même si par endroit, la modernité a du mal à percer, les pays échangent entre eux et sont interconnectés. En quelque sorte, nos destins sont liés malgré le chacun pour soi habituel.
 
Une société peut tomber pratiquement du jour au lendemain, ça arrive de temps en temps. Les chinois par exemple ont été conquis en seulement quelques années par les Huns. Par excès de confiance en leur propre puissance, ils avaient trop réduit la dimension de leurs armées…

Cependant, dans la plupart des cas, les empires s’érodent par étapes. En gonflant trop leur territoire, il devient difficile de sécuriser les provinces, l’armée devient trop coûteuse, les frontières sont attaquées… puis le commerce périclite… la pauvreté gagne… une guerre civile éclate… les barbares n’ont plus qu’à venir se baisser pour finir le travail.

Dans le cas de nos sociétés modernes, l’effondrement surviendra lui aussi par étapes : crise financière, chômage, pauvreté, surendettement de l’état, écroulement des hôpitaux, plus d’électricité, plus d’eau potable, de nourriture, révoltes, guerre civile, maladies, baisse de la population, scissions multiples… Il existe dans tout cela, une logique dans la progression bien sûr. Cependant, plusieurs facteurs peuvent aussi survenir dans le désordre, et aucun scénario n’est écrit d’avance. Il existe en réalité une multitude de scénarios possibles. L’équation est très complexe à analyser et l’avenir est pour le moins imprévisible. Mais au final, ce qui est sûr, c’est qu’il y aura tôt ou tard, un très gros bordel. Nous en serons les témoins et les acteurs.
 
Quels sont les facteurs d’effondrement d’une société ?

Il existe de nombreuses raisons à l’effondrement d’une société. Elles peuvent être de nature exogènes / externes : liées aux relations qui se détériorent avec les pays voisins (guerre, fin des échanges commerciaux...), catastrophes climatiques, dommages environnementaux, etc. Les raisons peuvent aussi être internes : mauvaise gestion des ressources, dirigeants politiques incapables de faire face au changements, séparatismes, schismes religieux, oisiveté générale amenant la population à perdre goût au combat, sous-estimation des menaces extérieures, etc.

En règle générale, plusieurs facteurs surviennent conjointement afin de mettre KO une société. Les causes internes et externes se mélangent également. Aujourd’hui, le fonctionnement en flux tendus des échanges (just in time), la forte dépendance au pétrole, l’hyper-spécialisation… amènent une fragilité particulière à nos édifices économiques. Sous nos airs de rois du monde, nous sommes en réalité bien plus fragiles que nous l’imaginons. Notre résilience aux crises majeures est en réalité devenue… quasi-inexistante. Saurions-nous nous débrouiller sans électricité ? La réponse est non. Et tout va s’enchaîner rapidement car je doute que chacun ait la discipline et la préparation physique et surtout mental pour faire face…
 
Et le Nouvel Ordre Mondial ?

Il est à noter que l’auteur, même s’il connait parfaitement l’existence et les méfaits de l’oligarchie meurtrière qui nous gouverne, ne centre pas son raisonnement sur l’influence du Nouvel Ordre Mondial dans la crise actuelle. Les deux sont évidemment liés, mais ce livre ayant en partie pour objet d’être une démonstration, il serait glissant d’évoquer un complot mondial contre les nations par une hyperclasse nomade et apatride. Ce sujet est abordé dans des ouvrages spécifiques chez d’autres auteurs. Piero San Giorgio a préféré rester centré sur son sujet de base et ne pas se disperser.
 
Les 7 piliers de la survie

Au-delà du constat, que nous apprend cet ouvrage ? À survivre en développant sa résilience. Vous découvrirez dans cette partie centrale que nous avons presque tout oublié de nos ancêtres ! Nous avons oublié notamment comment ils survivaient (ou pas) même quand tout allait mal. Nous avons oublié pour beaucoup comment nous débrouiller seuls ou en groupes lorsque les approvisionnements ne viennent plus… Nous ne sommes plus autonomes. Mais rassurez-vous, ce n’est pas une tare irrémédiable. Tout cela s’apprend et se perfectionne. Alors autant commencer avant qu’il ne soit trop tard !

Selon Piero San Giorgio, il existe 7 piliers essentiels à la survie dans une société où plus rien ne va :

  1. L’eau
  2. La nourriture
  3. L’hygiène et la santé
  4. L’énergie
  5. La connaissance
  6. La défense
  7. Le lien social
Ces 7 points-clés reflètent les besoins vitaux des êtres humains et une réflexion profonde sur les éléments déterminants de la survie des individus et des groupes. On y apprend comment récupérer, filtrer et rendre potable de l’eau, constituer des stocks de nourriture adaptés à votre famille, intelligemment et sans rien gâcher, jusqu’à la défense de ce que vous possédez et la diplomatie… Tout ce qui est évoqué ne vaut pas pour encyclopédie mais constitue une bonne base que vous aurez le loisir de compléter en vous intéressant à des livres plus spécifiques, et il y en a beaucoup. Ça peut être des bouquins sur la permaculture par exemple !

Vous résumer en détails ces parties reviendrait à établir une synthèse de la synthèse… et je n’en ai ni l’envie ni n’en vois l’utilité. Nous allons donc en rester là pour ce conseil de lecture…

À noter que quelques mini-histoires fictives illustrent chaque fin de chapitre, apportant des exemples de situations pratiques qui pourraient tout à fait se produire et vous concerner de près ou de loin. Intéressant… Qu’auriez-vous fait à leur place ?
 
La base autonome durable (B.A.D)

J’évoquais déjà la question de la BAD dans un précédent article sur le survivalisme USLa Base Autonome Durable est parmi les concepts de base du survivalisme. Il s’agit d’un lieu de vie que vous aurez choisi (ou un peu moins choisi suivant votre situation…) afin de survivre à l’effondrement, en s’y implantant temporairement ou au contraire sur le long terme. La BAD est un lieu approprié pour affronter une crise majeure de la société dans laquelle vous vivez. Cela peut être une ferme à la campagne, un appartement en ville, un pavillon en banlieue, une cabane ou même une caravane roulante, etc. L’imagination est reine en ce domaine !

Cette BAD doit permettre de vous loger, ainsi que votre famille si vous en avez une, dans de bonnes conditions. Le niveau de confort dépendra de vos moyens financiers ainsi que de vos exigences, mais il est préférable de ne pas se montrer excessivement douillet étant donné les incertitudes des scénarios d’effondrement. Aucune base n’est parfaite, aucune, cependant elle doit permettre de se trouver en sécurité et d’être solide des 7 piliers de la survie décrits précédemment. Autant dire un travail de réflexion et d’organisation de longue haleine…
 
Mon avis sur le livre

« Survivre à l’effondrement économique » fait partie des livres indispensables que vous devriez lire si vous vous intéressez à la survie dans notre monde moderne de plus en plus hostile. Si vous atterrissez ici par pur hasard (qui je pense n’existe pas selon moi), vous êtes vraiment bien tombé.

Ce livre constitue une base de connaissances indispensables en vue de votre préparation aux crises. Ce que vous y apprendrez-vous servira forcément un jour, même si vous êtes du genre hyper-chanceux et n’attirez d’ordinaire que du positif autours de vous. De nombreuses références vous seront données afin de compléter vos connaissances et votre savoir-faire. Ce livre peut sauver des vies.

Bon alors, c’est bon, vous avez compris !?

Ses autres livres :

« Rues barbares, survivre en ville » (avec Vol West)
« Rues Barbares » reprend les principes de « Survivre à l’effondrement économique », mais en l’adaptant à la situation particulière des villes et grandes agglomérations. L’explication de l’effondrement est moins étayée, le livre se centrant sur la survie urbaine. Pour certains survivalistes, les villes ne sont pas les odieux monstres à fuir lors d’une crise majeure, car les opportunités y seraient nombreuses… cela peut se défendre.

« Femmes au bord de la crise »
J’ai acheté ce livre pour quelqu’un mais je ne l’ai pas lu. Il se compose de témoignages réels de femmes ayant connu des situations de survie au sens large.

« NRBC, survivre aux événements nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques »
« NRBC » a été rédigé en binôme avec Chris Millenium. Il se situe dans la continuité des ouvrages précédents, en se spécialisant sur les risques NRBC : Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques. Un ouvrage très sérieux et solidement construit.

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