« L'homme tue et la femme rend fou » : lecture critique par Stéphane Édouard

Le sociologue Stéphane Edouard du site Hommes d’influence propose une recension du livre de Philippe de Vulpillières, « L’homme tue et la femme rend fou, comprendre l’architecture de la société du suicide ».

Ndlr : Cette recension montre le première édition (2017). Le livre est désormais disponible aux éditions Culture & Racines (janvier 2021).


 
Short story de "L’homme tue et la femme rend fou" :

En cédant à l’injonction cathodique de plaire, la femme place l’homme devant une double proposition (aporie) l’enjoignant à choisir le moindre mal parmi les deux scenarii suivants :

1. La poursuite du plaisir à tout prix, entraînant à son tour : Le retour à une néo-chasteté (« celui qui résiste aux plaisirs couronne sa propre vie » ~ La Bible) :
- L’affront cuisant de l’échec.
- L’instabilité morale de la société qui vacille sur ses structures, l’homme perdantson rôle de boussole morale sous les assauts incessants de ses trois ennemis (la chair, le monde et le démon).

2. Le retour à une néo-chasteté (« celui qui résiste aux plaisirs couronne sa propre vie » ~ La Bible) :
La femme quant à elle, passant d’une libido narcissique de type F (trouver l’homme à l’ombre duquel elle resplendira, comme un jardin s’épanouit derrière un mur d’enceinte) à une libido objectale de type H (« consommer » de jeunes amants appétissants tant qu’elle dispose encore des moyens physiques le lui permettant), étant condamnée au marécage relationnel puis, passé 40 ans, à une chasteté de facto (ie subie).

Long story de "L'homme tue et la femme rend fou" :

1. Par une mise en avant subliminale permanente de la beauté et de la jeunesse par la société festive cathodique, l’individu contemporain est lancé à son corps défendant dans l’arène de la séduction ; compétition de tous contre tous (ou plutôt, de tous pour toutes) qui récompense la valeur mondaine au détriment de la valeur morale.

2. Or dépourvu de prise majeure sur sa valeur mondaine (notamment la beauté et la jeunesse), l’homme encourt le risque de la folie, broyé par le mépris de la part du beau sexe dont il fait la gloire.

3. Une folie pluri-formes, notamment lorsqu’elle s’insinue dans les contextes intra-familiaux où elle prend généralement le visage de l’inceste.

4. Folie et décadence mues en holocauste psychique généralisé et confrontées au déni du versant obscur de la femme (postulat contemporain)  : un dilemme dépassé  ex post par l’hypothèse du caractère intrinsèquement inférieur des valeurs masculines (la plupart des criminels sont des hommes, confère les statistiques des prisons), morale déficiente de l’Homme avec un grand H qui ferait de tous les hommes du quotidien (avec un petit h) des oppresseurs naturels, quand bien même cette oppression s’opèrerait à leur insu.

5. D’un troisième Reich racialiste, où la catégorie auto-désignée supérieure opprimait les races subalternes, nous sommes entrés dans un Reich festivus, où par un tour de passe passe idéologique le dominant (la femme) serait aussi l’opprimé.

6. En adhérant à une vision pervertie du vrai et du faux, du bien et du mal, l’esprit de l’individu n’est plus en mesure de penser ses sensations (le cerveau ne décode plus les messages du cœur).

7. Le couple traditionnel, basé sur une partition des pouvoirs « féodale » entre l’homme et la femme, favorisait l’émergence d’un sentiment de dépendance mutuelle, lui-même dossier d’une structure émotionnelle stable (explicitation claire des rôles de H et F, sans renégociation au fil de l’eau). En comparaison, le couple moderne, en promouvant l’égalité hommes-femmes, implique d’ambiguës renégociations des rôles et des réflexions à mi-parcours, sorte de défi permanent de l’ambivalence auquel la doxa collective prescrit comme remède l’injonction de « communiquer ».

8. En endossant la responsabilité du nous, le père obligeait l’enfant à tourner le dos à son petit je (petit jeu) tyrannique. Sans affirmation marquée d’un rôle paternel (NDLR : qu’il soit ou non incarné par l’homme ?), l’enfant fille ou garçon risque de subordonner le bien commun au bien individuel, la vie en société à ses exigences propres.

  • Petite F perd son plafond symbolique (H), H que le besoin immanent de justice et de vérité empêchent de divaguer et qui canalise F en restreignant son pouvoir de destructivité psychique au service (et non à l’encontre) des siens.
  • Petit H perd son plancher symbolique (F), regard de F qui seul peut l’empêcher de se haïr et de faire usage de sa destructivité physique contre les biens communs.

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